9 mai 66
Mes grands parents sont venus chez nous à Île Perrot. J'ai admiré mon grand-père pour son intelligence et sa sagesse face à la vie et ma grand-mère pour sa simplicité. Semaine scolaire sans incident, sinon la monotonie et le dégoût que je ressens pour les étudiants de mon âge. Pourquoi? Ma timidité et mon orgueil. Je suis dans une époque de changement intérieur.
16 mai 66
Ma situation scolaire est défavorable. Seul Dieu sait si je vais réussir et j'ai le choix d'étudier ou non. Il ne me reste plus qu'une chance et je demande l'aide de Dieu, mais je ne suis pas en ''règle'' avec Lui ; voilà le grand problème. Je ne vais plus à la messe du dimanche et c'est par mon libre choix. Je passe mon adolescence dans mes bas instincts. Je me laisse aller je ne sais où. Je manque de volonté et de courage comme un timide ou un lâche. Qu'ai-je fais pour mériter ce triste sort ou qu'est-ce que je n'ai pas fait? Je suis envoûté, prisonnier de mes vices, esclave de mon libertinage.
23 mai 66
J'ai manqué un autre jour de classe pour me reposer le jour de mon anniversaire. J'ai eu 16 ans et je me sens comme un vieux de 70 ans. Une journée j'adopte une façon de penser et un autre jour, une autre. J'ignore le chemin à suivre. Je veux trouver un idéal et tracer mon but. La nature est belle et neuve, déjà on perçoit les soubresauts de l'été.
30 mai 66
Nous ne faisons pas grand-chose en classe. Quand il y a un enseignement, ce n'est souvent que farces et confusion.
6 juin 66
La nature revêt son manteau d'été.. Il y a un élève qui me raille constamment et je ne sais pas comment agir devant ces insultes. Ça me rend extrêmement malheureux. Je me sens prisonnier. J'ai l'intention de rendre les plaisanteries à mon cher ami. Les examens décideront de mon sort.
20 juin 66
Ces semaines furent calmes. Je n'ai pas étudié. Je me suis laissé aller. Ma principale préoccupation fut la lecture des Bob Morane. Peut être ai-je eu tort de trop lire et de ne pas m'occuper de mes études. Je suis trop paresseux pour étudier. Voir venir une autre année scolaire après les vacances m'effraie. Est-ce que ce sera encore une année de troubles qui sont souvent causés par ma faute? Je suis fou d'agir comme je fais. Je vais me tracer une manière de vivre jusqu'à ce que je sois un homme.
4 juillet 66
Semaines de repos, de calme et d'ennui. Nous sommes allés à Hawkesbury. Mes grands parents sont déménagés dans leur maison que mon grand-père a bien organisée. J'ai pensé à toutes sortes de sujets, à moi-même surtout.
<strong>Ce que je n'aime pas</strong>
Je n'aime pas les folâtres de mon âge et leurs plaisanteries anodines et ridicules. Je n'aime pas l'école ou l'on rencontre ces individus. Mais: ''Aime ton prochain comme toi-même pour l'amour de Dieu''. Regarde avec l'amour dans tes yeux. Parle avec l'amour sur tes lèvres et pense avec grandeur dans ton esprit''. Je suis le serviteur de Dieu, mais le maître des choses, des hommes et des évènements.
Vivre et laisser vivre, non tuer et laisser tuer!
11 juillet 66
D'une semaine à l'autre mes pensées changent, mais n'évoluent pas. Je pensais à Dieu, mon Maître. Maintenant je n'y pense plus. J'ai décidé de trouver la manière de penser qui serait préférable pour moi et la société.
18 juillet 66
La semaine fut calme, sans trop de problèmes si ce n'est la solitude écrasante. Dieu, est-Il avec moi?
28 août 66
J'ai reçu un appel téléphonique de la Cité des jeunes m'apprenant que je devais doubler mon année à cause de l'algèbre et cela malgré tous les cours de rattrapage que j'ai fait au mois de juillet. J'ai décidé de tenter ma dernière chance en demandant au directeur de me classer en onzième du second niveau. L'ennui me tenaille. Je n'ai presque pas d'amis et si j'en ai ce sont les jeunes amis de mon frère Pierre. Je suis seul, mais il faut que je me transforme en une personne qui avancera, qui sera positive, sans vaines craintes et mornes ennuis. Voilà ce que je veux et voilà ce que je réaliserai.
<strong>Ce que je pense de cette année scolaire</strong>
Du début à la fin je n'ai jamais aimé cette école, surtout les étudiants. Pendant des semaines j'ai vécu dans la peur de devoir faire une présentation orale devant la classe ; peur de moi-même et peur des autres. De cette peur naissait la mélancolie, la tristesse et le dégoût. Suis-je responsable ? Je suis un anxieux. Je dois changer et pour cela je m'en remets à Dieu. Si cette année fut un échec, au moins elle m'aura appris à me connaître. Pour réussir il faut une bonne intelligence, de la volonté et un grand esprit de travail, à moins d'une supériorité innée d'une de ces trois qualités.